dimanche 31 janvier 2010

Qui abrogera HAdopi ?

Lu sur : http://sfadj.com/pourquoi-aucun-parti-ne-demandera-labrogation

À l'approche des élections régionales, Emmanuel Gadenne se demande pourquoi aucun parti "majeur" n'intègre à son programme de campagne l'abrogation pure et simple de la loi HADOPI votée en fin d'année dernière :

Avant une échéance majeure comme les régionales 2010, je pense que les partis politiques français devraient clairement afficher leur position pour le maintien de la loi hadopi ou pour son abrogation...

De quel parti "sérieux" pourrait-on alors attendre ou espérer une telle initiative ? D'aucun ou presque, pour une raison très simple : une fois la bataille terminée, pratiquement tout le monde est passé à autre chose.

Passons sur l'argument voulant que les élections régionales sont faites pour débattre de sujets régionaux. D'une part c'est un peu facile, et d'autre part la résonance nationale de ces élections en font une excellente occasion d'envoyer, le cas échéant, un signal au gouvernement sur tel ou tel aspect de son action. Si HADOPI constituait un enjeu majeur pour nos politiques, rien n'empêcherait donc que son abrogation soit discutée pendant la campagne.

Mais cela n'arrivera évidemment pas. Démonstration :

À droite, tout d'abord, pas besoin de s'éterniser sur la question :

- Pas de l'UMP, évidemment. Inutile ici d'en écrire plus, au risque d'insulter l'intelligence du lecteur.

- Pas non plus du Front national, dont il n'est pas certain que ses dirigeants soient même au courant de l'existence du débat. Non Jean-Marie, non Marine, HADOPI n'est pas le nom d'un nouveau modèle de voile intégral.

- Probablement pas du Nouveau centre (classé à droite ici car participant au gouvernement), à moins qu'Hervé Morin soit prêt à renoncer au prestigieux portefeuille de la Défense pour faire suivre d'effets l'annonce de sa charte des droits fondamentaux numériques.

À gauche ensuite, voici pourquoi l'opposition préfère largement passer à autre chose :

- Ne comptez pas sur l'extrême gauche (partis satellites ou hybrides compris) : le militant d'extrême-gauche de base est probablement capable de vous expliquer en quoi la riposte graduée constitue un outil de spoliation du prolétariat par la classe dirigeante, mais le problème, c'est qu'il est trop occupé à rédiger son 729ème tract pour l'interdiction des licenciements.

- Pour le PS, l'opération serait très risquée. Chacun a pu constater, à l'occasion du vote de la loi, que nombre d'artistes "amis du PS", membres d'une certaine intelligentsia entretenue à part égale par le ministère de la culture et par son industrie de tutelle, étaient sur ce coup beaucoup plus proches du gouvernement, ou de leur portefeuille, que de l'opposition. Remettre HADOPI sur le tapis reviendrait un peu à revenir sur une querelle que tout le monde préfère oublier.

- Reste Europe Écologie. Comme le rappelle Fabrice Epelboin en commentaire chez Emmanuel, le parti écolo "est clairement pour la suppression d'Hadopi". Mais une recherche (certes sommaire) du terme "hadopi" sur les principales pages du site de campagne du parti ne rapporte aucun résultat. Ça se comprend : avec un fonds de commerce en pleine expansion, pas vraiment besoin de dépasser le stade des déclarations de principe sur la plupart des autres sujets.

- Oups ! J'allais oublier le Modem (membre de l'opposition, donc classé ici "à gauche"). Une consultation attentive du "livre orange", qui décrit le projet de société du parti de François Bayrou, fait état d'une préférence — assez vague et un peu discrète — pour la licence globale. Mais rien d'autre.

Qui ai-je oublié ?
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Il a oublié le Parti Pirate, et oui si aucun des parti dit de gouvernement n'ira vers l'abrogation d'Hadopi, alors que le couplage d'Hadopi, de la loppsi 2, et du délire sécuritaire (Scaner corporel des américain) des occidentaux, et du délire totalitaire des dictatures (la Chine se prépare à mettre en place un Internet parallèle, le filtrage du régime Iranien...) montrent bien la nécessité de défendre les libertés numériques qui sont indissociable des libertés IRL (dans la vie réelle). Si les apprentis dictateurs, les régimes totalitaires et les grands groupes médiatiques poussent au filtrage du net, à sa marchandisation et à son contrôle c'est bien parce qu'ils ont peur des libertés qui peuvent se propager sur le net.

Alors en mars votons tous pour le Parti Pirate, c'est le seul moyen pour que les partis dit responsable se bouge un peu ! http://2010.parti-pirate-elections.fr/


vendredi 29 janvier 2010

Wanted "Secret à rire"

Le nom officiel du Kapo d'Internet sera "Secret à rire".
L'offre officielle est ici :
(L'intitulé du poste est : Secrétarire Général de la HADOPI)

Et vous trouvez ça drôle !

dimanche 24 janvier 2010

Partageons l'avenir !

Parti Pirate : la déclaration de politique générale

Qu’il soit scientifique, technique ou technologique, le progrès s’accompagne toujours de mutations de la société. Il peut les suivre ou les précéder, les susciter ou les justifier, mais nous approche toujours d’un monde plus complexe et plus mondialisé.

Les générations d’hommes et de femmes sur lesquelles notre société repose encore, à l’heure actuelle, sont nées avec l’illusion d’abondance de ressources et d’énergie dans un contexte de rareté de l’information. Aujourd’hui c’est l’inverse : nous avons accès à un savoir qui n’est plus réservé à une élite, mais ne pouvons plus ignorer la raréfaction des ressources.

De nouvelles perspectives se profilent, entraînées par l’arrivée des technologies de l’information et de la communication, et poussées entre autres par les défis environnementaux.

Les populations du monde n’ont jamais disposé d’autant de nouvelles façons de communiquer ensemble, de commercer ensemble, de se rencontrer et de travailler ensemble. Cette chance, nous avons le devoir de ne pas la laisser gâcher au nom d’intérêts privés ou d’une vision à court terme. Il est de notre responsabilité de choisir entre un progrès qui libère ou un progrès qui asservit, entre une technologie qui construit et une technologie qui détruit, entre un monde durable et un monde jetable-après-consommation.

Face à de tels choix, de tels enjeux, on ne peut se contenter de chercher des solutions pour demain en utilisant les modèles de pensée d’hier. Le Parti Pirate structure son discours par une vision politique cohérente et globale : la “boussole républicaine”, pour éviter de naviguer à vue.

Cet idéal social et laïque, non-négociable et universel, il importe de le réaffirmer dans le contexte mondialisé de la société numérique, dite “de l’information”, et dans le cadre d’un développement durable et raisonné.

Nous devons éteindre les ampoules et rallumer les Lumières.

Vers de nouveaux enjeux technologiques, sociaux, environnementaux

Le passage d’une ère industrielle à une ère numérique modifie la façon dont l’être humain se situe dans le temps et dans l’espace, « ici et maintenant ».

Ce nouvel espace se développe partout où l’électricité est disponible, et peut s’étendre indépendamment des pays et des continents. L’énergie permet de mettre en œuvre des réseaux informatiques et de les interconnecter (Internet, téléphone mobile, satellite…) entraînant le développement de l’usage des technologies de l’information. Il se comporte comme un organisme vivant à l’échelle de la planète, qui mute et s’adapte, en dehors de tout contrôle technique, humain ou démocratique. Sa rapidité de développement va au-delà de notre capacité collective à le comprendre.

Son développement est général, rapide et inéluctable. Se modernisant, nos sociétés s’appuient de plus en plus sur les technologies de l’information et de la communication pour se développer. Tous les secteurs en subissent, en subiront les conséquences (culture, éducation, émancipation, économie, agriculture, transport, démocratie, médias…).

Transcription immatérielle de la mondialisation, cette révolution des usages n’est pas idéologique. Néanmoins, elle est de nature à remettre en cause les fondements républicains historiquement basés sur la Nation : l’identité, le territoire, la monnaie, la souveraineté populaire…

Dans ce système complexe, où interagissent des forces commerciales, techniques ou territoriales, nous pouvons constater qu’il n’y a pas de pilote dans l’avion, si ce n’est peut-être quelques entreprises multinationales. Le Parti Pirate, présent dans plusieurs dizaines de pays, entend œuvrer pour que cette société de l’information serve l’intérêt général, au profit de chacun.

La révolution Industrielle et son productivisme aveugle ont puisé dans les ressources naturelles sans se préoccuper de leur renouvellement, polluant sans compter, souvent de façon irrémédiable. Outre qu’il est physiquement impossible que chacun sur la planète puisse bénéficier de l’équivalent des biens matériels d’un Occidental, cette consommation à outrance met en péril les générations futures. Là aussi, des choix sont à faire : par exemple, la dématérialisation des données et la pérennisation du matériel technologique peuvent apporter des réponses.

Ces deux dernières décennies, la prise de conscience mondiale de ces enjeux s’est exprimée dans le concept de développement durable : au confluent de ces trois préoccupations que sont l’environnement, l’économie et le social, un modèle harmonieux pour vivre ensemble, aujourd’hui et demain. Ce développement durable et équitable, le Parti Pirate veut le favoriser par son action politique.

Réaffirmer les valeurs citoyennes

Nous pensons que les valeurs de Liberté, d’Égalité et de Fraternité sont essentielles et universelles pour l’humanité. Tous les êtres humains doivent naître libres et égaux en dignité et en droits, sans distinction aucune ; la laïcité, enfin, fait partie intégrante de ces fondamentaux et ne se négocie pas : elle impose des comportements différents selon que l’on se trouve dans la sphère publique ou privée.

Pour préserver l’intérêt général et garantir les droits et les libertés de chacun dans la société de l’information en émergence, de nouvelles politiques sont à inventer.

Liberté
Les libertés civiques doivent être défendues, sur le réseau comme partout. L’internet est pratiquement totalement privé ; les serveurs, les réseaux informatiques, une partie du socle logiciel ou les réseaux sans fil appartiennent à des opérateurs, et les fournisseurs d’accès sont en mesure de contrôler les faits et gestes de leurs abonnés. Qui plus est, l’État se dote de moyens pour filtrer en toute légalité l’accès des citoyens au réseau.

Le déploiement irraisonné de la vidéo-surveillance, de fichiers croisés et de bases de données interconnectées sans réel contrôle démocratique, met en place une infrastructure préoccupante qui, outre qu’elle n’a jamais fait ses preuves, pourrait facilement être un jour au service d’une société sécuritaire, voire fascisante.

Nous ne devons laisser aucune technologie mettre en danger les libertés civiques ; il faut au contraire en tirer parti pour permettre aux citoyens de mieux protéger leur vie privée, leur liberté de mouvement et d’expression.

Égalité
Le principe d’égalité doit également être garanti. Les lois votées par les représentants du Peuple s’appliquent à tous, quelles que soient leurs origines ou leur position dans la société. Il faut défendre ce principe fondamental, ainsi que l’égalité des citoyens pour l’accès à l’eau, à la santé, à l’énergie, à la sécurité, à l’éducation, aux transports, et enfin à la communication. Le Service Public, patrimoine de ceux qui n’ont rien, doit rester neutre et universel, de même que les réseaux de communication.

Cependant la technologie offre des perspectives nouvelles. Pour la première fois peut-être, l’information, la culture et la connaissance sont potentiellement accessibles à tous. Disposant d’informations plus complètes et transparentes, les citoyens ont la possibilité de se saisir directement de questions politiques importantes sans devoir s’en remettre à quelques intermédiaires autrefois incontournables, médias ou élus. De même, la culture est à la portée de tous : il importe à ce titre de développer de nouveaux modèles de création et de diffusion, plus immédiats entre les auteurs et le public. Le savoir scientifique, enfin, n’est désormais plus l’apanage d’une élite ou de sociétés privées, ni même des pays les plus riches.

Fraternité
Enfin, la République est un projet collectif au service de tous. Ainsi l’impôt, prélevé en fonction des ressources de chacun, permet-il la redistribution des richesses sous différentes formes. Cependant là encore, la société numérique et mondialisée nous invite à construire un nouveau “bien commun” à transmettre aux générations futures et aux populations du monde.

Les nouveaux modes de communication et d’échange, qui permettent aux citoyens de partager de pair à pair, voire de construire ensemble des richesses intellectuelles, doivent être favorisés et encadrés : en particulier, il n’est pas tolérable que soient criminalisés les échanges décentralisés de biens culturels lorsqu’ils ne se font pas dans un cadre commercial.

Le patrimoine du passé, qu’il soit culturel ou historique, matériel ou immatériel, doit être constamment préservé et mis en valeur.

Nous devons lutter contre certaines formes de privatisation : privatisation du vivant, par exemple lorsque sont brevetés des gênes de plantes par les industries pharmaceutiques ou semencières ; privatisation de l’intelligence en tant que bien commun, notamment par les brevets logiciels.

Parti international, le Parti Pirate veut promouvoir une citoyenneté diversifiée et universelle dans la société numérique. En France comme ailleurs, il propose un projet collectif au service de citoyens responsables et éclairés, libres et égaux en droits et en devoirs.

Plus d'info : http://idf-partipirate.org/

mardi 19 janvier 2010

Parti Pirate vu par Sud Ouest


INTERNET. Déjà représenté depuis juin 2009 au Parlement européen par deux Suédois, le Parti pirate cherche désormais à s'implanter en France

Martin a 18 ans. Étudiant en classe prépa à Bordeaux, il est membre de l'April, une association de défense des logiciels libres. Quand il surfe sur le Web, lemonde.fr est sa page de démarrage, mais il consulte très régulièrement le Framablog, sebsauvage.net et de nombreux blogs informatiques indépendants. Sur Linux, il est intarissable : ses parents, son entourage, ses camarades de lycée ont été évangélisés par ses soins à l'informatique libre, sans copyright.

Il ne défend pas la copie illégale de musique mais regrette que les discours sur le sujet s'arrêtent trop souvent à des préjugés. À la télévision, il a tenté de regarder en direct les débats parlementaires sur la loi Hadopi mais a vite déchanté devant les propos ineptes de certains députés.

« Vouloir réglementer le téléchargement quand on ne connaît pas le sujet, c'est difficile », relève-t-il tout en regrettant que la contestation sur ce thème ne se soit jamais réellement propagée hors du Net.

En 2010, Martin votera pour la première fois. Mais pour qui ? Pour le Parti pirate, peut-être. Inconnu il y a deux ans, ce mouvement a fait une entrée fracassante au Parlement européen avec ses deux premiers élus (suédois) en juin 2009. En Allemagne, 2 % des électeurs ont voté pour lui lors des élections fédérales... mais jusqu'à 13 % des jeunes votants participant pour la première fois à un scrutin !

« Génération Hadopi »

Un signal fort pour le Parti pirate français, qui voudrait bien s'imposer rapidement auprès de la « génération Hadopi », élevée au numérique, au partage des fichiers et du savoir, luttant contre les OGM ou pour la protection des libertés individuelles. « On a une image de "geeks" (1), mais les droits de l'homme et les libertés civiques, cela concerne tout le monde », observe Valentin Villenave, le trésorier du Parti pirate français.

Avec son nom claquant au vent comme un étendard honni des politiques, le Parti pirate peut prêter à sourire, mais il éveille pourtant déjà quelques craintes dans les partis traditionnels. « On ne cherche pas à être le parti de la génération Internet, assure Valentin Villenave. Mais on sait aussi pourquoi les jeunes se détournent de la politique aujourd'hui. Et notre côté spontané ne plaît pas à tout le monde. »

Spécialiste des brevets, de la vidéosurveillance, des droits d'auteur ou des libertés, le Parti pirate ne veut pas « fuir les questions complexes ». Son credo ? « Si on est incompétent sur un sujet, on le dit ! » Sans hésiter à ouvrir le débat avec la société civile sur le Web (2). Au Parlement européen, ses deux premiers députés ont rejoint le groupe des Verts, mais ils expriment leurs divergences quand les sujets l'imposent.

Près de 2 000 contacts

En France, le mouvement est encore embryonnaire mais revendique près de 2 000 contacts à travers le territoire. Insuffisant pour mener des actions d'envergure dans la vie « réelle », ce qui ne l'empêche pas d'annoncer une liste pour les prochaines élections régionales de mars 2010 en Ile-de-France. Un premier test à grande échelle pour une formation politique encore très masculine, qui devra s'adapter aux contraintes de la parité. Sans doute, ses valeurs de partage et de lutte contre les inégalités l'aideront à y parvenir.

Restera ensuite à prouver sa pérennité. « La démarche du Parti pirate est intéressante et utile. Mais qu'en sera-t-il à long terme ? » s'interroge Jérémie Zimmerman, porte-parole de La Quadrature du Net (3). Pour ce collectif très actif à Bruxelles, il est « indispensable d'avoir des élus et des sièges pour influencer les assemblées ». Mais à condition d'impliquer et d'éduquer la société civile sur ces sujets qui transcendent les questions politiques.

Depuis Bordeaux, Martin observe l'éclosion du parti avec intérêt : « Au Parlement, le Parti pirate peut apporter un point de vue complémentaire, mais son nom risque aussi de renforcer les gens dans leurs préjugés face au piratage. Voter pour un tel parti, c'est un gros engagement. Mais pourquoi pas ? Tout ce dont je suis certain, c'est que je ne m'abstiendrai pas. »

(1) Désigne une personne passionnée, voire obsédée, par un domaine précis. S'emploie le plus souvent dans le domaine de l'informatique. (2) http://www.partipirate.org

(3) http://www.laquadrature.net

Auteur : Frédéric Sallet

http://www.sudouest.com/accueil/actuali ... 93938.html

dimanche 10 janvier 2010

Hodopi

Plus d'info sur l'installation d'Hadopi

Fabrice Ebelpoin, de ReadWriteWeb, a publié sur Twitter un premier montage, très réussi :


10 voeux pour un monde (numérique) meilleur

1.Que le gouvernement abandonne le mécanisme de filtrage du net prévu par le projet de loi Loppsi : L'Allemagne y a renoncé, pourquoi pas la France ? Brice Hortefeux devrait défendre au mois de février prochain son projet de loi Loppsi, qui prévoit notamment l'obligation faite aux FAI de bloquer l'accès à des sites dont la liste sera établie par l'administration, sans contrôle du juge. Or un mécanisme similaire adopté en Australie a montré toutes ses limites, tandis qu'en Allemagne la démonstration a été faite qu'il était beaucoup plus efficace et sûr de contacter directement les hébergeurs. Sur 8000 sites listés par l'administraiton allemande, seuls 1,37 % des URL avaient un vrai caractère pédophile, et sur ce reliquat, 93 % des contenus ont été retirés en moins de deux semaines. Lorsque l'on connaît le coût et l'inefficacité technique du filtrage, et l'arme lourde que sont prêts à employer les opérateurs, la raison voudrait que la France imite l'Allemagne. Mais le fera-t-elle ? Rien n'est moins sûr.

2.Qu'un dossier de la Hadopi soit transmis à un juge : L'Hadopi ne devrait pas commencer ses travaux avant le mois d'avril, si la CNIL donne son feu vert à la chasse aux pirates. Mais depuis la censure du Conseil constitutionnel et le vote de la loi Hadopi 2, c'est au juge que revient la charge de prononcer les sanctions. Or il nous semble évident depuis le départ qu'aucun juge ne pourra prononcer la moindre sanction sur la base de simples relevés d'adresses IP adressés à l'Hadopi par les plaignants eux-mêmes. Outre le conflit d'intérêts évident, et la grande difficulté à définir l'infraction, il y a un problème énorme de fragilité des preuves. Nous parions que jamais aucun juge n'aura à traiter la moindre affaire de piratage adressée par l'Hadopi. Mais nous espérons avoir tort, pour qu'un juge puisse débouter les plaignants et ainsi signifier à toute la France que la riposte graduée est morte et enterrée.

3.Que les médias ne relaient pas aveuglément la campagne de médiatisation que prévoit le gouvernement lors des premiers avertissements envoyés par l'Hadopi : Précisément parce qu'il sait que le volet sanction de la loi Hadopi ne sera probablement jamais appliqué, le gouvernement a prévu une campagne de communication de grande ampleur pour accompagner les premiers mails d'avertissements qui seront envoyés par l'Hadopi. Un appel d'offres a déjà été lancé pour organiser cette campagne, qui aura pour but d'apeurer la population et la convaincre d'arrêter de télécharger. Nous souhaitons que la presse ait le recul suffisant pour déjouer cette campagne et rappeler l'absurdité de la riposte graduée, tant sur un plan philosophique qu'économique, juridique et technique.

4.Qu'il soit fait interdiction à Orange d'associer fourniture d'accès à Internet et fourniture de contenus exclusifs : En matière de régulation des communications, le début de l'année 2009 a été marqué par le feuilleton judiciaire des contenus exclusifs d'Orange, en particulier Orange Foot et Orange Cinéma Séries. Les premières décisions judiciaires avaient été contre la politique commerciale d'Orange, conformément aux positions exprimées par l'Arcep, par les députés, et par Eric Besson lorsqu'il était encore en charge du numérique. Mais le CSA et le gouvernement ont apporté leur soutien à Orange, Bercy allant même jusqu'à convaincre la cour d'appel de Paris de changer d'avis et d'autoriser l'opérateur à lier l'accès à ses contenus exclusifs au fait de souscrire un abonnement ADSL Orange. Or il est absolument anormal que (par exemple) pour pouvoir regarder les matchs de la prochaine Coupe d'Afrique des Nations, les abonnés de Free, de SFR ou de Bouygues soient obligés de résilier leur abonnement pour migrer chez Orange. L'accès à Internet et l'accès aux contenus devraient être deux services parfaitement distincts. Il faudra que la justice ou le Parlement obligent Orange à suivre la même politique que Canal+, qui permet à n'importe quel opérateur de commercialiser de commercialiser ses bouquets.

5.Que France Télévisions rende son service de catch-up TV accessible sur toutes les box ADSL : Dans la même veine, la direction de France Télévisions a décidé l'été dernier de réserver à Orange l'exclusivité d'accès à son service de télévision de rattrapage (catch-up TV), sur les box ADSL. Il s'agit d'une décision totalement antinomique de la mission de service publique de France Télévisions, dont le cahier des charges impose qu'il rende ses programmes accessibles au plus grand nombre. Ca n'est certes qu'une anecdote, mais symbolique d'une certaine dérive et d'un oubli des valeurs. La culture, qui plus est lorsqu'elle est produite par le service public, n'est pas un bien commercial comme les autres, qui peut faire l'objet de contrats d'exclusivité.

6.Que le piratage baisse : Non pas grâce à la chasse aux sorcières menée contre les internautes et contre les éditeurs de sites BitTorrent, mais bien grâce à l'ouverture d'une offre plus attractive et concurrentielle, à l'instar de ce qu'un Hulu a réussi à faire aux Etats-Unis contre le piratage des séries TV. Contrairement à ce que croient beaucoup de cadres de l'industrie culturelle, les opposants à l'Hadopi et les producteurs de contenu ont le même souhait que le piratage baisse. Ils n'ont simplement pas la même idée de la manière de parvenir à cet objectif. Peut-être faut-il commencer par se demander s'il est correct d'appeler "piratage" l'accès à des contenus culturels, et si le droit d'auteur inventé pour réguler les relations entre professionnels est bien adapté à réguler les pratiques de simples citoyens.

7.Que le traité ACTA soit négocié de manière démocratique ou abandonné : Depuis plus d'un siècle, le droit d'auteur est régulièrement renforcé au profit des ayants droit à grand coup de traités internationaux que les députés des parlements nationaux sont ensuite contraints de transposer sans grande marge de manoeuvre. Or le droit d'auteur étant un contrat social entre la société et ses auteurs, ce qui renforce les auteurs affaiblit la société. En négociant dans le plus grand secret l'énième traité de renforcement des droits des auteurs et des producteurs, les Etats-Unis, l'Europe et quelques pays invités s'apprêtent une nouvelle fois à fragiliser les droits de la société. Arrivera un moment où ce déséquilibre croissant deviendra insoutenable. En 2010, l'ACTA pourrait être cette goutte d'eau qui fera déborder le vase. Il est temps qu'au contraire, le contrat social soit renégocié de la manière la plus démocratique qui soit. Le succès électoral du Parti Pirate pourrait contraindre politiquement les gouvernements à en prendre conscience.

8.Qu'un ministère des Communications et de la Société de l'Information soit créé : Bien qu'affichant une bonne volonté et un certain talent à se fondre dans le moule de la "société de l'information", la secrétaire d'Etat à l'Economie Numérique Nathalie Kosciusko-Morizet n'a pas pu être influente sur les dossiers qui la concernaient pourtant directement. L'Hadopi, le filtrage des sites de jeux d'argent ou le filtrage du net prévus par la loi Loppsi ont été décidés sans elle. Parallèlement, on ne voit pas ce qui justifie d'associer dans un même ministère la Culture et la Communication. Au contraire, on voit bien au travers des lois sur le piratage que les deux pôles sont très conflictuels, mais que l'influence historique du monde de la Culture à la rue de Valois donne la primeur à ses intérêts. Peut-être la création d'un ministère indépendant en charge des Communications et de la Société de l'Information permettrait-elle un meilleur équilibre, et une influence plus importante dans la direction des affaires numériques en France. Espérons simplement que ça ne soit pas Frédéric Lefebvre qui en prenne la tête.

9.Que vous soyez toujours aussi nombreux (voire plus encore) à lire Numerama : Nous avons cette année battu tous nos records de fréquentation, grâce à votre fidélité et à la confiance que vous nous accordez. Vous n'avez jamais été aussi nombreux à lire nos articles, à les relayer autour de vous et à utiliser notre comparateur de prix sur lequel nous avons énormément travaillé. C'était le plus cadeau que vous puissiez nous faire cette année, et nous espérons vivement que vous nous renouvellerez cette confiance en 2010. Nous ferons en tout cas tout pour y arriver, avec toujours plus d'informations, de commentaire et de service. Nous avons encore beaucoup de projets dans les cartons qui ne demandent qu'à voir le jour, dont certains déjà en préparation.
(c'est à eux que j'ai piqué ces 10 voeux) : http://www.numerama.com/magazine/14793-les-10-voeux-de-numerama-pour-l-annee-2010.html

10.Que vous passiez tous une très bonne et heureuse année 2010, tant sur le plan personnel que professionnel. Nous vous souhaitons tous ce que vous vous souhaitez vous-même.

11 . Je rajouterai un 11 ème voeux : votez faite votez pour le Parti Pirate, c'est comme celà que les voeux précédents ont une chance d'avancer !

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